Page 112 - Van Que : Still Life / Nature Morte
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PROPOs suR L’ART ET
L’ENsEIgNEMENT dE L’ART
Monet, Cézanne, Van Gogh et bien d’autres peintres de
la seconde moitié du 19e siècle ont ouvert les portes
de la cage du réalisme classique de la peinture et ont
semé le vent de la liberté dans l’art pictural.Le grand
étonnement du monde entier fut de voir foisonner, dès le
début du 20e siècle, de multiples courants d’expression
dits “modernes”. C’était tout simplement l’euphorie de
l’accession à la liberté de création devant une toile. Par
la suite, il restait à l’artiste le soin de se servir de cette
liberté. L’important n’est pas dans le contenu de telle ou
telle théorie dans laquelle l’artiste explique ou justifie
la manière et le résultat de sa création. Ce qui compte
c’est que chaque peintre se sente libre de concevoir son
oeuvre à sa manière. Aussi voit-on naître des théories,
quelques fois contradictoires mais dont les auteurs
ont créé des chefs d’œuvre.La cage étant ouverte, les
oiseaux s’envolent dans toutes les directions. Comme
certains oiseaux restent dans la cage, certains peintres se
plaisent à peindre des tableaux de conception classique.
D’autres peintres remettent en question les conceptions,
la définition même de la peinture et plus généralement
«l’Art». Aussi l’Art ne sert plus uniquement le BEAU.
Le geste «peindre» et le résultat qui en découle
prennent une valeur supplémentaire; ils sont le miroir
de la personnalité de son auteur, comme un document
graphologique. L’esthétique et la fantaisie contribuent
autant l’un que l’autre à constituer la qualité du tableau.
Les spectateurs eux-même ont un grand rôle à jouer, car
ils usent également de leur liberté et leur fantaisie dans
l’appréciation du tableau. La portée de l’Art s’en trouve
ainsi considérablement élargie, son enseignement doit
subir des changements fondamentaux.
108 Liés à jamais par l’Art